Si la grande Tuono est dérivée de la RSV Mille, de la même façon, des RS sont nées les versions de petit cylindré. Ce sont des motos de divertissement, avec beaucoup de personnalité.
Le programme de la présentation n’était pas très différent de celui de n’importe quelle autre moto italienne. Nous l’avons testé sur un circuit toute une matinée, nous sommes ensuite allés manger dans un bon restaurant et l’après midi nous sommes sortis sur route. Emmitouflés, les gaz à fond et un nombre de kilomètres élevé au compteur dès que possible. Cette fois le circuit n’était pas celui de Misano ni Mugello, mais un karting près de Venise. Et le compteur passa rarement en dessous des 120 km/h, car ma monture était la nouvelle Tuono 125, dont la vitesse de pointe est de 150 km/h.
Tout comme la Tuono bicylindre en V, présentée l’année passée, la Tuona 125 est en fait une RSV Mille qui au lieu d’avoir un demi guidon possède un guidon haut, et au lieu d’un carénage complet un carénage plus petit. La petite sœur est donc une Aprilia RS 125 Race Réplica, avec les mêmes changements sur le carénage et la position de conduite. Il y a beaucoup de détails de la nouvelle moto qui sont identiques à la RS, comme par exemple son moteur à deux temps à refroidissement liquide. Oublions la RS un moment. Ce moteur reste presque inaltérable depuis l’époque de la Aprilia AF1 Réplica, apparue à la fin des années 80. Il a toujours une boite de changement de vitesse à six rapports et une puissance maximale de 29 chevaux dans sa version intégrale, ou 15 chevaux (11kW) sur la version bridée, prévue pour les débutants, et sur laquelle la soupape d’échappement ne fonctionne intentionnellement pas. Le cadre est aussi copié sur celui de la RS, c’est une double poutre en aluminium sur lequel pivote un bras oscillant à deux bras asymétriques, qui permet de cacher le pot d’échappement sur le coté gauche. A ceci s’ajoute une fourche inversée de 40 mm, un disque avant de 320 mm à étriers de quatre pistons, des roues de 17 pouces. On obtient alors la base d’un rêve d’adolescent. Les passagères de cette moto devraient être impressionnées par son aspect de grande moto. On a inclus un carénage ressemblant à celui de sa grande sœur, mais qui n’a que deux feux au lieu de trois. Le guidon, légèrement élevé, et la hauteur de selle contribuent à créer une sensation de grand volume, même s’il s’agit seulement d’une 125; de plus la selle du passager est meilleure que celui de la RS. Les pédales du conducteur sont hautes et reculées, il n’y a donc pas beaucoup d’espace pour les jambes, mais je me suis senti à l’aise malgré ma grande taille. Ce n’était pas facile de baisser la tête derrière la petite visière, mais cela n’a pas vraiment d’importance. Le karting tordu de Jesolo, près de Venise, s’avère être le site parfait pour secouer un peu la Tuono. Comme il n’y avait pratiquement pas de lignes droites, même avec la 125 limitée à 15 chevaux nous devions changer souvent de vitesse, et presser fortement sur le frein avant.
Les larges roues des karts avaient laissé la piste très propre, et avec suffisamment d’adhérence pour laisser traîner le genou sur le sol, grâce aux Dunlop D207. Il était facile de se pencher grâce à sa légèreté (122 kg) et à ses bonnes suspensions, même si on ne pouvait régler que la précharge de l’amortisseur. Étrangement, personne n’est tombé durant la journée, mais je pense qu’entre les mains du propriétaire type de 16-17 ans, les taquets en plastique installés pour éviter d’endommager le cadre auraient été bien utiles. Sur routes avec trafic, la Tuono montait d’un coup jusqu’à atteindre les 140 km/h et se montrait rapide, tant que son compte-tours se maintient entre 8000 et 11000 tours/minute, où se trouve la ligne rouge. Il y avait un manque marqué dans la carburation, autour des 7500 tours/minute, qui ne laissait pas un moment de repos; de plus la faible réponse des bas régimes la rendait peu adaptée à la ville. Ainsi après un feu tricolore elle a commencé à s’essouffler, et une dame sur un scooter s’est mis à me dépasser, jusqu’à que je puisse enfin récupérer ma dignité, en faisant monter le moteur en tours et patiner l’embrayage. La version limitée a également besoin d’être secouée, mais ce manque de puissance est moins marqué. Elle sera donc plus facile à conduire pour un débutant, surtout parce qu’elle n’a pas l’impulsion des 8000 tours/minute. Vous pouvez la pousser quand même jusqu’à 120 km/h au compteur, alors qu’il reste encore 2 vitesses et la possibilité d’aller encore un peu plus vite. Je suppose que pour enlever cette bride qui limite la puissance il faudra présenter un permis A, mais il existe sur le marché des pots d’échappement qui augmentent la puissance, même avec la soupape d’échappement inactive. Dans les deux versions, la Tuono sera légèrement moins chère que la RS 125 sur beaucoup de marché, en plus d’être un peu plus pratique, plus confortable pour le passager et aussi rapide pour une utilisation en ville. S’il existe une moto italienne de 125 c.c. à deux temps qui ait du sens, c’est bien celle-ci.
Roland Brown Photos: Gigi Soldano & Alessio Barbanti Traduit et adapté par Pauline Balluais