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Ducati Streetfighter S: La menace 2009

Que les hypersportives se préparent, car une moto est arrivée, qui va les remettre dans le droit chemin, et qui représente une sérieuse menace même sur circuit. Parce que la Streetfighter n’est pas une naked: cette impressionnante moto est une vraie superbike dépouillée.

La moto de Borgo Panigale est pensée pour les hédonistes et/ou les narcissiques, pour ceux qui profitent de tout ce qu’offre la Streetfighter comme de sa beauté, et en même temps, du plaisir d’être admiré par les autres. Ne nous trompons pas: ce ne sera pas une moto de masse, car son prix la rend exclusive. Elle n’est pas née pour être une moto populaire, pour cela il existe déjà la Monster. Ce serait comme comparer une bonne tourisme sportive (type Golf GTI, une Subaru Imprezza ou autres) avec une Ferrari. On vendra sans doute plus de Streetfighter S que de standard, car si on est prêt à dépenser beaucoup d’argent dans une moto, on veut le meilleur. Et pour le moment, le meilleur sans carénage, c’est cette Ducati.

J’ai encore en tête les sensations exactes que m’a fait ressentir la Streetfighter la première fois que je l’ai essayé sur le circuit Ascari de Ronda. La première a été simplement visuelle: quelle est belle et compacte! Elle ne peut pas être plus réduite, et elle pourrait difficilement être plus attractive (même si parlant d’une Ducati, les deux choses sont relatives). L’autre impression avant de la conduire a été l’appréciable qualité des composants et des finitions. La Ducati est une œuvre d’orfèvrerie sur laquelle on n’a ménagé ni les moyens ni les matériaux. Je jette un coup d’œil rapide de l’avant vers l’arrière: des jantes Marchesini, des freins Brembo radiaux, une fourche inversée Ölhins, des éléments en carbone… Continuons: un tableau de bord digital, un cadre multitubulaire Trellis, un moteur 1098/1198… Quel niveau! Pour finir, un amortisseur arrière Ölhins multi ajustable et un mono bras oscillant en aluminium, 35 mm plus long que celui de la 1198 pour obtenir plus de traction. Non, ce n’est pas une simple naked. C’est une superbike.

Ducati a été très soigneux sur cette moto, et a beaucoup travaillé pour qu’elle soit impeccable à la vue, réduite et sans tubes et câbles apparents, avec un moteur qui est normalement caché derrière un carénage. Ducati a voulu démarquer sa Streetfighter des Monster, qui pour l’instant restent les motos populaires de la marque, avec leurs moteur refroidi par air. La Streetfighter reprend la suite des S4R, mais en montant un échelon de plus, tant en efficacité pure qu’en exclusivité. Parce qu’à 20 295 € il est clair que la STF S est une moto exclusive. C’est vrai qu’il existe une version plus économique, sans DTC ni suspensions Ölhins ni jantes Marchesini ni carbone, qui vaut 16 295 €, mais seriez-vous capable de renoncer à la S?

Et pour ceux qui n’en ont pas assez, il existe un grand nombre d’accessoires dans les catalogue Performance pour rendre encore plus exclusive ou puissante cette café racer, comme les échappements Termignoni et la centrale électronique. Nous avons dit dans la présentation que cette Ducati était une prédatrice des RR, une naked qui comme la mante religieuse attend la moindre occasion pour dévorer n’importe quelle hypersportive qui se mettra en travers de son chemin. Tout le monde sait que la position extrême des sportives est beaucoup plus efficace et sure. Imaginez justement une superbike avec un guidon haut, et vous obtiendrez une Streetfighter. Autre détail intéressant: la S pèse seulement 167 kg, un poids inférieur à celui de beaucoup de 600.

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La STF est une véritable café racer, des motos dérivées de sportives pures qui sont dépourvues de carénage. Et si cela les limitent quant au confort et à la versatilité, d’un autre côté cela leur confère des capacités sportives qui ne se limitent pas au domaine de la route. Preuve de cela, la présentation de cette Ducati a eu lieu sur le circuit Ascari de Ronda, et non sur une route.

Sur un circuit, type Calafat, Alcarràs, Mora de Ebro ou Grenade par exemple, il n’y pas de doute que la Streetfighter sera plus efficace que n’importe quelle autre SSP ou SBK. Et sur circuits rapides… elle sera possiblement au niveau des meilleures 600. Ce n’est pas mal pour une naked! Précisément en circuit on apprécie la meilleure position de conduite par rapport à une Monster S4Rs.

Avec l’arrière plus élevé et un guidon plus logique non seulement nous nous sentons plus à l’aise qu’avec la Monster, mais en plus le train avant gagne en aplomb et en précision. Un rétrécissement dans la zone du réservoir et la selle permet de mieux s’installer sur la moto. Même si nous n’avons pas encore testé la version standard, on se souvient qu’il y avait une ostensible différence de comportement entre la S4Rs et la S4R, et les 4000 € de plus de la S doivent se justifier ensuite sur l’asphalte.

L’ajustement de série des Ölhins est suffisamment compact, même sur circuit. En fait, à Ronda, Vittoriano Guareschi, testeur de la marque bolonaise, a enlevé deux tours de ressorts sur la fourche, que nous avons ensuite remis à sa position d’origine, même si sur route il serait effectivement judicieux de desserrer un peu la précharge pour permettre aux hydrauliques de travailler davantage. Comme nous l’avons commenté, sur piste la Streetfighter est précise, même dans les virages à grande vitesse, comme ceux à l’entrée d’Ascari, ou sur le T1 du même circuit. Le moteur pousse d’une manière incroyablement linéaire.

Je ne me rappelle pas avoir vu une courbe de puissance moins courbée que celle de cette Ducati. Nous pouvons en dire autant du couple, qui vers les 4000 tours produit déjà quelques 9 kgm, et qui augmente jusqu’à dépasser les 10 kgm à 9400 tours/minute. Résultat: il pousse toujours de manière douce mais efficace, et elle permet aussi de se tromper de vitesse et de sortir des virage avec une vitesse de plus que prévu. Le développement est long, comme sur toutes les Ducati. Le DTC est un grand apport pour une moto en série. Il est facilement programmable sur huit niveaux et même déconnectable. Les capteurs prennent en compte l’inclinaison de la moto et non uniquement la puissance appliquée, ce qui apporte de l’efficacité et de la sécurité. Sur circuit et avec la position 5 vous pourrez faire déraper légèrement la roue arrière en accélérant fortement en courbe avec la moto inclinée.

Sur route et avec l’asphalte beaucoup plus glissant que sur circuit, le bénéfice est encore meilleur, sachant que nous pouvons ajuster le DTC aux caractéristiques de l’asphalte. Sur route elle peut être une vraie arme, à partir du moment ou prend en compte le potentiel de cette moto, non adaptée à des débutants. La remise de puissance plane et homogène ne donne pas l’impression d’accélérer autant que ce que l’on pourrait, jusqu’à ce qu’on lise le chiffre du compteur de vitesse. Si vous accélérez fortement en marche courte, la roue avant se décollera inévitablement du sol, mais il n’y aura ni mouvements sinueux ni autres réactions étranges.

Dans les virages, l’agilité est très élevée. Avec sa taille super compacte et son poids réel de 169 kg, la Streetfighter est un jouet. La faire bouger d’un côté à l’autre est instantané, et elle entre dans la courbe très rapidement. De plus, une fois dedans, elle est précise, même si à notre avis nous enlèverions un couple de tours aux précharge sur les deux trains pour éviter des rebonds sur le mauvais asphalte et améliorer la traction. En parlant de traction, le bras oscillant a été allongé de 35 mm par rapport à la superbike 1198.

Nous avons essayé de faire un burn-out (avec le DTC déconnecté, évidemment) et la route arrière poussait celle de devant, totalement freinée, sans glisser… Sur la partie frein, la puissance des énormes Brembo de 330mm est impressionnante, et peut même être excessive sur asphalte glissant. Par chance, le tact est excellent et ils freinent aussitôt la manette serrée, même s’il faudra être prudent au moment de freiner brusquement, surtout en cas de pluie.

On ne peut pas demander à une moto dérivée de la compétition qu’elle soit une parfaite compagne pour une utilisation quotidienne. La position est beaucoup plus sportive que celle d’une naked, même si à notre avis, elle est plus rationnelle que celle d’une Monster. Cependant, l’épaisse fourche inversée limitée, l’angle de direction, et la hauteur de la selle rendent difficiles les manœuvres à faible vitesse et l’embrayage, même souple, arrive à se fatiguer dans une utilisation urbaine. La Streetfighter est une moto qui cherche la guerre.

Si vous l’utilisez en ville vous passerez vite pour un loubard: arrêté à un feu tricolore avec la roue à l’air, vous laisserez le reste des mortels cloué sur leurs motos plus normales, bavant devant l’impressionnante présence rouge de la Ducati. Autres aspect qui montre que cette moto n’a pas été pensée pour la ville: le tableau de bord, avec beaucoup d’informations et qui offre des données plus pensées pour une utilisation sportive qu’urbaine. La vitesse est inscrite en nombres assez petits, la navigation par les menus n’est pas très intuitive et des accessoires comme le DTC n’ont pas de sens en ville.

Jordi Aymamí Photos: Juan Pablo Acevedo Traduit et adapté par Pauline Balluais