C’est plus qu’une moto. C’est une démonstration de la puissance de Honda, qui est capable de transformer en réalité les rêves de ses designers, aussi choquants et insensés soit-ils…
Alors que je profite de la souplesse de l’excellent moteur à six cylindres boxer de la Rune en roulant en cinquième vitesse sur les routes sinueuses qui jalonnent les vertes collines de Malibu, je pense à la chance que j’ai de faire parti des journalistes choisis et invités par Honda Northamerica pour le lancement de la Rune 1800. Probablement la moto la plus personnelle de Honda jamais fabriquée en grandes séries.
Avec la Rune, Honda rompt de nombreux paramètres custom jusqu’à maintenant jamais franchis par aucune autre moto. Que fait une cruiser avec des pneumatiques au profil bas (150/60 ZR 16 à l’avant et 180/55 ZR 17 à l’arrière), un double disque avant de 330 mm et un disque arrière de 360 mm, avec freinage combiné CBS; un mono bras arrière avec cardan intégré; une suspension arrière Unit Pro-Link dérivée de la RC 211 V de MotoGP et une fourche avant parallélogramme à double amortisseur; un tableau de bord entièrement digital; un cadre double poutre en aluminium…? Tout cela sans compter son volumineux propulseur flat six (six cylindres boxer) dérivé de celui utilisé par la GL 1800, refroidi par liquide, SOHC 12 soupapes, mais à injection électronique personnalisée, allumage reprogrammé et des conduits d’admission de 32 mm pour obtenir de plus grandes performances et accélérations.
Un moteur omniprésent dans toutes la gamme de tours et à n’importe quelle vitesse. Même à 40 km/h en cinquième il répond sans toux ni vibrations. Le propulseur le plus fin jamais équipé sur une moto. Pas de pulsations ni de vibrations custom. On note des bas régimes de locomotive électrique… avec presque autant de potentiel qu’une centrale nucléaire.
La Rune est une moto grande, très grande. Ses 350 kg se remarquent dans son volume malgré des formes anguleuses. Elle est longue, 1750 mm entre les axes, un nouveau record pour la marque Honda. Le guidon peut s’ouvrir-avancer ou se fermer-reculer selon la taille du conducteur ou ses préférences de conduite. A l’arrêt il est difficile de la manœuvrer, mais en marche c’est autre chose. Le moteur prend vie avec un son très personnel. Une équipe d’ingénieurs s’est chargée de lui donner de la personnalité et a développé des silencieux alignés par trois de chaque coté de la Rune. La position de conduite n’est pas custom. Le guidon est long, et le corps reste à la verticale, reculé et avec les genoux à 90 degrés. Il est impossible d’étirer les jambes à cause des blocs de cylindres. Le confort est total, l’ergonomie parfaite, tout est à portée de doigts et de bottes. Le moteur est-il en marche? Si on n’entendait pas le son des silencieux, on dirait que non.
La moto a tendance à se lever un peu en début de première vitesse au ralenti, et aux premiers millimètres de relâchement de l’embrayage. Le couple est déjà présent à 500 tours avec presque autant de puissance que le maximum d’une 600 super sportive. Seconde, troisième, quatrième, cinquième,… 60 km/h et on a l’impression d’être poussé par le vent. Le moteur pourrait s’étirer sur cinq vitesses de plus à 1500 tours. Il est surpuissant. A quand une 1800 automatique? Où sont les 350 kg annoncés? Il semble que certains kilos se sont perdus en marche, tant elle est facile à conduire à faible et moyenne vitesse. Les freins sont excellents, les freinages déficients des custom des années 80 appartiennent au passé.
Il y a du mordant et un bon tact, avec un système combiné CBS pour rendre plus contrôlables les inerties de ses plus de 450 kg en marche (avec conducteur). L’effet de la fourche en parallélogramme est anti affaissement dans les freinages et en rétentions, ce qui rend la moto plus stable et ferme sur tout type de trajectoire. Elle aborde mieux les courbes que d’autres custom, il est malgré tout assez facile de frotter l’acier sur l’asphalte. Les suspensions sont très homogènes, elle l’étaient déjà sur la Valkyrie 1500, ce qui la rend facile à conduire, on peut se pencher aisément et rouler assez vite. La Rune adhère au sol grâce à ses excellents pneumatiques et on peut ouvrir les gaz sans hésitations grâce au bon feeling que transmet la suspension arrière, et entrer avec détermination dans les virages grâce à l’aplomb de la roue avant.. Mais attention! Elle pèse 350 kg à vide et ce n’est pas une moto sportive. Néanmoins elle va en surprendre plus d’un sur les routes.
Traduit et adapté de SOLOMOTO par Pauline Balluais