Après avoir conquis le monde de l’off-road, la marque autrichienne KTM diversifie ses efforts sur l’asphalte. La RC8 1190 est le fruit de cinq années de développement, le pari de KTM sur les motos de route de haut niveau, les superbikes. Et il semble que cela valait la peine d’attendre…
L’impatience de la presse mondiale pour ce nouveau modèle a été manifeste au dernier Salon de Milan, où cette nouvelle création a vu le jour pour la première fois dans sa version définitive. En éclipsant même les marques locales et leurs avalanches de nouveautés, elle a laissé entendre que les attentes créées par la nouvelle SBK ne resteraient pas sans suite. En montant sur la moto, on remarque que la position de conduite et l’espace pour l’utilisateur ne sont pas aussi petits que pourrait le laisser croire son esthétique minimaliste.
Les généreux semi guidons n’obligent pas à adopter une posture étrange des bras, et la selle est large et permet une liberté de mouvements remarquable. A part les pièces du carénage, tous les composants de la RC8 ont été particulièrement soignés au niveau esthétique pour offrir une moto différente. Les 155 CV annoncés par la marque sont fournis par le bicylindrique en V75° de manière si progressive et douce, qu’il nous a même semblé qu’elle était moins puissante. Grâce au cadre multitubulaire on a obtenu un poids record proche de 7,5 kg, 5 kg de moins que ceux construits en aluminium et qui équipent habituellement les SBK japonaises.
Nous démarrons le moteur. Le son émis par l’échappement particulier en forme de quille situé sur la partie basse de la mécanique est énergique et excitant. Sur la piste nous ressentons les premières sensations, et nous nous rendons compte du formidable potentiel du propulseur. Il a été intégralement développé par KTM, et le LC8 suit la nomenclature des bicylindriques de la marque autrichienne. Comme sur les Adventure et Supermoto 990, il est disposé en V à 75°, refroidi par liquide, avec des culasses DOHC et quatre soupapes par cylindre. Mais le moteur n’a rien à voir avec les 990 ou avec celui présenté pour la première fois sur la RC8 à l’Intermot de Munich en 2004.
La nouvelle réglementation du Mondial de SBK a obligé KTM à développer un nouveau moteur, en sur-dimensionnant toutes les pièces soumises à des efforts et en augmentant la cylindré à 1148 cc, ce qui permet d’obtenir une puissance déclarée de 155 CV. L’alimentation se fait par injection électronique et est prise en charge par le spécialiste Keihin, qui a opté pour un double injecteur sur chaque cylindre et des conduits d’admission ovales de 52 mm. Le tact de la motorisation nous a surpris par sa grande linéarité et sa capacité à monter dans les tours sans aucun rebond. Il gagne en tours très rapidement, mais il conserve une plus grande poussée dans la zone finale du tacomètre. Les 155 CV annoncés sont fournis de manière très progressive et douce. Après deux tours sur le circuit d’Ascari, nous nous sommes rendus compte de la puissance de cette moto.
Il faut cependant préciser que les modèles testés avaient très peu de kilomètres et les moteurs devaient manquer un peu de rodage. Mais connaissant la politique de KTM quant à la précision de ses mesures, il ne fait aucun doute que la puissance déclarée est vraiment proche de la puissance réelle, même s’il nous reste à le vérifier sur notre banc de test.
Nous avons également apprécié la capacité de traction que le moteur transmet à la roue arrière. Durant les deux premiers tours, le circuit était humide, et dans de telles conditions il est très important d’ouvrir précautionneusement la commande de gaz, surtout sur les zones compliquées comme cette aire d’accélération à la sortie d’un virage rapide… La RC8 se comporte réellement bien, et nous avons noté un seul léger glissement, lorsque nous avons ouvert la poignée alors que nous n’avions pas placé la moto assez droite.
Traduit et adapté de SOLOMOTO par Pauline Balluais