La nouvelle STR renoue avec les origines de la marque. Basique, simple, polyvalente, légère et divertissante, comme celles que Moto Guzzi produisait il y a quelques années. Désormais sous la coupe d’Aprilia, elle commence une nouvelle démarche commerciale.
A première vue, elle rappelle les V 500 et V 650 qui datent des années 80, époque à laquelle Moto Guzzi a voulu élargir son marché et a réussi à attirer un bon nombre de futurs aspirants aux sportives Le Mans 850 et California 1000. Mais le succès lui est monté à la tête, et il n’y a pas eu de révision de la gamme ni d’évolution de ces modèles populaires, basiques et polyvalents. L’usine de Mandello del Lario a payé très cher cet oubli. La marque a pâtit de la crise profonde du marché, et n’a pas su réagir à temps, alors que son marché décroissait de façon alarmante.
Désormais dans les mains du Groupe Aprilia, la nouvelle STR V 750 IE mène le retour de Moto Guzzi sur le marché actuel. Les designers et ingénieurs de Aprilia/Moto Guzzi ne se sont pas compliqués la vie. Ils sont allés au plus sûr. Une silhouette naked au style sportif, comme doit l’être une Guzzi. Un moteur à l’efficacité reconnue, puisqu’on est parti de la version 1000 pour réaliser ce 750 cc., actualisé (Euro 2) et allégé à l’occasion. Et une partie cycle sans complications: le typique cadre à double berceau, une fourche conventionnelle et deux amortisseurs arrières forment une moto élégante qui apporte une nouvelle allure à Moto Guzzi.
La dénomination orginale de la moto, sur tous les marchés sauf celui de l’Espagne, est Breva. C’est un vent qui souffle du sud, et amène du beau temps, et qui balaie le Lac di Como y Lecco, où se trouve l’usine de Mandello del Lario. Cette moto paraît très soignée. Plus que les modèles qui sortent actuellement de l’usine italienne, qui n’ont rien à voir avec ceux des années passées, tant au niveau de la finition que de la qualité, qui sont désormais à la hauteur de Aprilia. Un phare Multiconvex, des clignotants à tulipes blanches, une protection pour ne pas se brûler les jambes avec les échappements, une poignée pour le passager, une selle à seulement 790 mm du sol, un tableau de bord classique, composent une moto simple sur laquelle on a laissé de l’espace pour que chaque utilisateur l’adapte à ses préférences, après avoir consulté le catalogue d’accessoires. Elle dégage une personnalité dans les formes de son réservoir et ses bouchons, sa selle sportive, et la forme de son phare. Cette esthétique sportive, qui a hérité du logo ovale qui brille sur les flancs du réservoir, ne passe pas inaperçue. Elle plaira aux jeunes comme aux moins jeunes.
Une fois assis sur la moto, le sol reste accessible avec les deux pieds, malgré mes 1,80 m. Les genoux ne touchent pas le réservoir, la selle est large et confortable, et le guidon très naturel, avec toutes les commandes à portée de doigts et de bottes. Au démarrage, on note le typique balancement du moteur en V et son vilebrequin qui tourne. Au ralenti, on peut compter les pistons. Des échappements sortent un son grave et étouffé… car un catalyseur filtre tout pour le rendre conforme à la norme Euro 2, au niveau des sons et des gaz. C’est le prix à payer pour la modernité.
On remarque une injection de la marque Weber Marelli, au coût peu élevé. Le moteur dispose d’une distribution par branche et balancements sur deux soupapes par cylindre, tout cela commandé par un arbre à cames situé sur le carter moteur (OHV), entre le V des cylindres. Une solution classique mais efficace pour une moto tranquille. Elle fournit 744 c.c., sa puissance déclarée est de 48,3 CV à 6800 rpm, et son couple de 5,6 kgm à 3600 tours, ce qui est plus que suffisant pour une vitesse de croisière de 140 km/h et un maximum à 170 km/h. Une puissance à la portée d’utilisateurs novices, et adaptée aux conducteurs qui n’aiment pas les machines plus puissantes et moins personnelles.
A faible régime, proche du ralenti, et avec le moteur à froid, on peut noter quelques défauts du moteur. Au dessus des 2000 tours, son fonctionnement est très souple, jusqu’au changement de vitesses qui semble même un peu trop doux pour une Moto Guzzi, même si elle conserve son large parcours. L’embrayage s’est perfectionné aussi, mais son tact reste celui d’un mono disque à sec, un peu brusque si on fait les changements trop vite. La souplesse de ses suspensions accompagne le bon fonctionnement général de l’ensemble. Elles avalent toutes les ornières et irrégularités de la route, et apporte un bon confort au conducteur.
La prise de contact avec la première Moto Guzzi du XXIème siècle a été très satisfaisante. On a réussi à concevoir une moto qui corrige un grand nombre des défauts récurrents chez Moto Guzzi. Un engin adapté à tout public, même féminin, et pour tous les âges, qui sert aussi bien pour le quotidien que pour se divertir dans les virages ou pour voyager tranquillement un peu au dessus de la vitesse autorisée. Un mais important: son prix. On considère que 7850 euros est un prix élevé pour une moto basique et simple comme la STR 750.
Xavi Barrera & J.C.
Fotos: Thomas Macciabeli