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MV Agusta Brutale 1078 RR: Exagérément Brutale

MV Agusta a sorti une nouvelle version de son concept Brutale. La resplendissante 1078 RR est équipée du moteur le plus grand jamais vu sur une naked de la marque italienne. Elle compte 154 CV et a un répondant à l’accélérateur impeccable. Des freins ultra puissants et un châssis très compact achèvent l’ensemble, et en font le jouet que tout fan de virages souhaiterait avoir entre les mains.

La nouvelle MV Agusta Brutale 1078 RR est équipée du même moteur tétra cylindres de 1078 cc et 16 soupapes radiales que la F4 Claudio Castiglioni de 2007 et que la F4 RR 312 de 2008. Certains considèrent que ses freins à étriers Brembo monobloc à quatre pistons sont excessifs pour une utilisation sur route ; mais au moins ils fonctionnent à la perfection à sec. Toute accélération soudaine en seconde ou même en troisième vitesse peut soulever la roue avant, même si la moto fait preuve d’une grande stabilité. Nous ne pouvons pas nier le fait que, aussi divertissante soit-elle, cette 1078 RR est exagérément puissante. Malgré la sophistication de son injection et ses suspensions, la RR est tellement énergique que la majeure partie du temps il est impossible d’utiliser un dixième de ses performances. Et alors? La Brutale est à la hauteur de son nom.

Cette moto élève l’expérience de MV Agusta à un niveau supérieur. La 1078 RR est chère et son acquisition peu sensée. Mais c’est une moto incomparable. L’après-midi de test qui s’est déroulé aux alentours de Varese était presque terminé, mais la Brutale me réservait d’autre surprise. Il était 16h30, j’étais à l’extérieur de la ville et je suis arrivé tard pour rendre la moto à l’usine de MV Agusta, près du lac. Le trafic à l’heure de pointe gagnait en densité, mais j’avançais à un bon rythme avec ma naked tétra cylindres. A un moment, j’ai vu un petit espace devant moi, entre les voitures, j’ai ouvert les gaz à fond en seconde vitesse, et la Brutale s’est lancée vers l’avant, en accélérant avec tant de force, que je suis passé très rapidement et avec la roue avant un peu plus levée que ce que j’espérais. Mais il n’y a eu aucun problème ni mouvement étrange. La MV est si agile et contrôlable, qu’après cet emportement le pneumatique Pirelli est revenu au sol et j’ai pu me concentrer de nouveau sur la route et sur les obstacles qui m’attendaient.

Le répondant exceptionnel à moyen régime est appréciable lorsque l’on sort de la ville sur des routes plus ouvertes. La MV est parfaite pour dépasser le trafic. La position de conduite redressée apporte une bonne vision, même si les muscles du coup fatiguent un peu. La remise de puissance à moyen régime est si constante, que je n’ai pas senti la nécessité de me rapprocher de la coupure d’allumage à 11650 tr/min. Peut être que cela explique pourquoi la 1078 RR m’a semblé beaucoup plus douce que ce que j’imaginais. Elle n’a pas cette brutalité à haut régime de la Brutale 910. Comme c’est souvent le cas de nombreuses naked de grande puissance, le manque de protection aérodynamique empêche de profiter de la conduite à grande vitesse. La 1078 RR a dépassé les 150 km/h en un instant, et elle a continué à pousser énergiquement pour se rapprocher de la vitesse maximale déclarée par MV, qui est de 265 km/h. Je n’ai pas réussi à les atteindre, mais j’ai souvent accéléré à fond pour noter cette poussée sur l’arrière et pour écouter le hurlement de l’admission lorsque le propulseur à soupapes radiales se mettait au travail.

Étant donné les excellents châssis des Brutale antérieures, je n’ai pas été surpris de constater la stabilité et la solidité de la 1078 RR à grande vitesse, malgré l’appui exercé par le conducteur sur le guidon pour se protéger des secousses du vent. Ce guidon permet de lever très facilement la moto en sortie de virage, et il est facile de faire entrer la MV dans les virages à grande vitesse. Les suspensions plus dociles de la RR n’ont pas entraîné une perte d’agilité dans les virages. Elles apportent le contrôle et le tact adéquats pour profiter de la grande adhérence des pneumatiques Pirelli Dragon Supercorsa. Naturellement, l’augmentation de confort due aux suspensions plus souples s’apprécie beaucoup à faible vitesse en ville, où la RR se comporte également très bien. La construction compacte de la Brutale et les repose-pieds élevés font que sa selle -assez haute- n’est pas la plus confortable ni la plus relaxante dans le monde des naked, surtout pour les conducteurs aux longues jambes. Avec mes 1,93 m, il m’a été difficile de placer mes genoux sous la partie supérieure du réservoir. La capacité de celui-ci -19 litres-, combinée au généreux rayon de la direction et à ses contrôles faciles, font que la moto n’est pas moins pratiques que ses rivales naked.

Les étriers radiaux Brembo monobloc sont nouveaux sur cette moto, ils offrent une puissance phénoménale et beaucoup de tact à la came. Certains affirment qu’ils sont trop radicaux pour une utilisation sur route. Je les ai testé sur l’asphalte sec, et ils m’ont paru efficaces. De plus, je doute que les propriétaires de la RR utiliseront leur moto pour le quotidien et sous la pluie… Disposer d’un très bon freinage est toujours plus appréciable qu’un freinage trop juste.

Traduit et adapté de SOLOMOTO par Pauline Balluais