Son moteur compte 2294 cc et son couple atteint 20,3 kgm à seulement 2500 tr/min.
Dans le comté de Sonoma, en Californie, au nord de San Francisco, la marque Triumph a dévoilé son projet Rocket III, une tricylindré de 2294 cc qui offre pas moins de 142 CV de puissance maximale et 20,3 kgm de couple. Conçue pour le marché nord-américain, elle plaira également aux bikers du monde entier qui apprécient les marques aussi remarquables qu’Harley-Davidson. La Triumph Rocket III offre des sensations fortes dans les accélérations, une partie cycle très équilibrée et neutre, une maniabilité et un moteur exclusif, le plus grand moteur de l’histoire.
Les fabricants comme Boss Hoss, entre autres, qui se consacrent à installer des moteurs de voiture, à six ou huit cylindres, dans le cadre de véhicule à deux roues, ont désormais un concurrent sérieux. Triumph a construit en série une moto exclusive, qui de plus est facile à conduire, très stable, qui freine bien (malgré ses 320 kg à vide), confortable pour les longs voyages et en vente à partir de 18 000 euros, moins que le prix d’une moto sur mesure… et avec un moteur de voiture. Ce moteur est remarquable, de par sa cylindré de 2300 cc, repartis entre trois cylindres (chacun de la taille de ceux de l’emblématique Dodge Viper, un sportif nord-américain de pure race), de par sa puissance de 142 CV et la force qu’il est capable d’exercer, plus de 20 kgm à seulement 2500 tr/min. Il comprend un refroidissement liquide et un double arbre à came en culasse, et il dispose d’une injection séquentielle multi point et un embrayage de type multi disque baigné dans l’huile. Pour transmettre la rotation du moteur à la roue avant on a opté pour un cardan -première Triumph avec ce système. La boite de changement est à cinq vitesses. Les roues, surtout l’arrière, sont uniques en leur genre. La roue avant est une traditionnelle 150/80 avec jante de 17 pouces, comme on le voit sur beaucoup de custom. En revanche sur l’axe arrière, Triumph a mis plus de gomme sur la jante chargée de transmettre la puissance au sol, avec un inhabituel 240/50 avec une jante de 16 pouces. Vous avez sans doute déjà vu des pneumatiques aussi larges, mais il s’agissait sûrement de préparations spéciales de style Arlen Ness, Battistinis, Kodlin ou autres. Le pneumatique choisi est un Metzeler Marathon ME 880, qui remplit très bien son rôle. Le freinage, vital sur une moto de 320 kg à vide, est pris en charge par le système qui équipait la Daytona 955i, un système à double disque avant de 320 mm, avec étriers à quatre pistons et un disque arrière de 316 mm, avec étriers à deux pistons.
Si le moteur vient d’une autre dimension, ce n’est heureusement pas le cas des autres composants, dont l’importance est vitale pour la maniabilité de la moto en marche comme à l’arrêt. La longueur entre les axes est de 1690 mm, moins par exemple que la VTX 1800 de Honda ou la Marauder 1600 de Suzuki. La selle se trouve à 740 mm du sol, 74 cm qui permettent un bon appui au sol pour déplacer la Rocket à l’arrêt. Il est surprenant de remarquer comme le poids, situé très bas dans le cadre tubulaire en acier (avec moteur auto porté), favorise les manœuvres à faible vitesse et permet de rouler avec fermeté dans les zones sinueuses.
La fourche de la Rocket est une fourche inversée de 43 mm de diamètre, signée par la prestigieuse marque japonaise Kayaba. A l’arrière, on trouve deux amortisseurs de cette même marque, qui sont réglables en cinq positions et absorbent bien les petites irrégularités, même s’ils sont un peu secs dans le retour; c’est néanmoins un bon compromis pour éviter les soubresauts.
Le guidon de la dernière moto de Triumph est de 88 cm de large, ce qui oblige à adopter une position de pure style custom. Associée à l’emplacement avancé des pédales, cela donne une position qui n’est pas idéale pour profiter de l’énorme accélération de la Rocket III. Les 25 litres du réservoir permettent d’élargir les repose-pieds. Malgré sa cylindré, sa consommation est assez modérée. Concernant les émissions de gaz, elle respecte la stricte norme Euro 3, obligatoire depuis 2007.
Avant de monter sur la Rocket III, nous imaginions ce moteur comme une arme à double tranchant, car 2300 cc et 142 CV sont des chiffres énormes pour cet engin à deux roues de 320 kg, et sa force, de 20,3 kgm, est phénoménale. Les ingénieurs ont préféré domestiquer cette moto pour éviter de graves conséquences entre les mains de pilotes inexpérimentées. Pour cela, on a forcé le moteur à travailler légèrement débrayé (comme si on actionnait l’embrayage) sur les trois premières vitesses. Si ce système n’existait pas, il aurait été recommandable de coller un adhésif sur le réservoir, qui indiquerait ‘novices s’abstenir’. La Rocket III est une moto humaine, grâce au bon discernement de ses dessinateurs. Évidemment on ressent toujours la violente force qui la pousse vers l’avant, ce qui oblige à rouler prudemment en faisant attention au type de terrain, mais elle nous a démontré que ses réactions sont admirables, grâce à ce travail de domestication.
Traduit et adapté de SOLOMOTO par Pauline Balluais