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Triumph Speed Triple 1050: Timanfaya Trophy 2008

Nous nous sommes déplacés jusqu’au parc naturel de Timanfaya, à Lanzarote (Canaries), pour découvrir les caractéristiques de la nouvelle Speed Triple. Quelques subtiles changements en font l’une des meilleures streetfighters du marché. Notre périple sur l’île volcanique, en certains points similaires à un TT, nous a convaincu.

Depuis 1994 nous avons pu profiter des diverses naked tri-cylindriques produites par Triumph, qui portent fièrement l’appellation Speed Triple. Il s’agissait de motos qui ont été radicalisées dans leur aspect et leur comportement, et qui ont évoluées depuis l’esthétique café racer jusqu’à la streetfighters, destinée à des motards avides de sensations fortes qui recherchent les performances et le freinage d’une sportive, mais avec la maniabilité d’une naked, sans renoncer à une certaine esthétique. La dernière génération de Speed Triple, née en 2005, a atteint des cotes encore jamais vues dans cette famille en matière de compacité. Son puissant moteur de 1050 cc était inclus dans un cadre rigide et une carrosserie minimaliste. Aujourd’hui la nouvelle version est arrivée, avec un remodelage de certains de ces aspects pour remettre au goût du jour la plus ancienne des Triple, afin qu’elle reste compétitive face à ses concurrents de plus en plus nombreux. Rappelons que sa petite sœur, la Street Triple, un dérivé de la Daytona 675 qui fonctionne du feu de Dieu, a vu le jour récemment. La 1050 compte donc des rivales dans le catalogue même de la marque. Un changement en profondeur aurait montré clairement que Triumph considérait cette génération comme dépassée. Mais son esthétique est une déclaration d’intention en soi, une icône intemporelle qui n’a pas besoin de changer, mais de se perpétuer. Ce qui a toujours été le cas, par exemple, pour la saga Ducati Monster : ce sont des motos qui évoluent lentement, qui n’ont pas besoin d’être remplacées toutes les deux saisons comme pour les R, qui représentent un peu le fast food de la moto. Son comportement est similaire à celui de sa prédécesseure. Le cadre reste très noble, et le moteur toujours aussi progressif. La pompe radiale Nissin s’avère être totalement compatible avec les nouveaux disques et étriers du train avant, signés désormais par Brembo.

Triumph, comme toute bonne marque britannique, a une histoire étroitement liée au TT. Pour cet essai les médias spécialisés nous ont convoqué pour faire le tour d’une l’île. Ce ne n’est pas celle de Man, où on aurait pu essayer seulement l’équipement hivernal, mais celle de Lanzarote où nous avons pu faire presque la totalité de l’île avec la nouvelle Speed Triple. L’incroyable paysage lunaire du Timanfaya a donné le jour au Tourist Trophy, auquel nous faisons référence dans le titre de cet article. Pour essayer une moto en plein hiver, ce magnifique paysage des Canaries est un pari sûr. Les routes qui se déroulent sur sa géographie montagneuse présentent de nombreuses caractéristiques idéales: son asphalte est noir et adhère bien, la circulation est faible, et elles sont dans un très bon état de conservation. L’angoissante pression policière qui pèse souvent sur les motards n’est pas présente sur l’île, ce qui nous incite à conduire avec les deux yeux sur la route, et non avec un œil sur le compteur et un autre sur le bas coté et les panneaux. De plus le beau temps et l’absence de pluie sont garantis à presque 100%, et seul le vent presque constant, qui de temps en temps amène des brumes de chaleur et charrie des nuages de poussières depuis l’Afrique, pourrait nous gêner. Ce qui a parfois été le cas lors de la journée de la présentation. Le climat était donc propice pour tester la Triple. Pour commencer, une fois aux commandes, nous trouvons une position de conduite et un tact général qui ne changent pas par rapport à sa prédécesseure. Mettons nous derrière le guidon Madura anodisé, qui conserve la morphologie de l’ancien, en tube chromé. Depuis cette position on apprécie également un autre changement esthétique, puisque le boîtier qui recouvre l’horloge est l’une des dernières réalisations des 675 cc. Les bouchons qui recouvrent les radiateurs sont également nouveaux, même s’ils passent quasiment inaperçus.

Les paraboles des phares ont aussi été modifiées légèrement, même si à première vue on ne le remarque pas tout de suite. Désormais les deux optiques s’allument simultanément. Si la pompe de frein est la Nissin que nous connaissons déjà, les étriers d’ancrage radiaux -quatre pistons avec le même nombre de plaquettes- ainsi que les disques de 320 mm, sont maintenant signés par le concurrent Brembo. Sur la fourche nous observons deux changements : les tubes sont anodisées en noir (en non plus en doré), et les extrémités sont différentes, pour accueillir les nouveaux étriers. La jante incorpore un design particulier, à rayons multiples et recourbés. Observons les changements de la moitié postérieure de la moto. Pour commencer on remarque un nouveau sous cadre et des supports, des repose-pieds différents pour le passager et le feu arrière à leds change de design. Même si Triumph affirme que les échappements n’ont pas été modifié, la forme des deux sorties a changé légèrement. La jante arrière, qui reste totalement visible sur son côté droit, se détache particulièrement. Elle est assortie avec la jante avant, mais son design est plus remarquable avec ses rayons disposés par paires et qui forment une sorte de pétales. Le frein arrière et le mono amortisseur n’ont pas changé. Ils fonctionnaient bien, un changement n’était donc pas utile.

Les Speed Triple intègrent depuis trois saisons le moteur à trois cylindres et 1050 cc. Cette fois encore pas de changement, mais la puissance déclarée atteint les 132 CV à 9250 tours/minute au lieu des 128 CV à 9100 tours/minute antérieurs. Le couple maximum annoncé reste de 10,7 kgm, mais avant il s’obtenait à 5000 tours/minute, et maintenant à quelques 2500 tours de moins. Ces changements avaient déjà été intégrés entre 2006 et 2007, lorsque on avait adapté le moteur a la norme Euro3. En passant la première vitesse et en relâchant l’embrayage souple nous notons une plus grande finesse que sur les premiers modèles, testés en 2005. Il n’y avait alors pas de vibrations, ce qui est toujours le cas, mais on pouvait apprécier le bruit des engrenages, ce qui aujourd’hui a totalement disparu. Le déplacement de l’embrayage est la seule chose qui se note au ralenti. A l’accélération on ressent toujours un tact puissant mais sans à coups. La souplesse du moteur est aussi adaptée pour les motards qui ont une âme de cascadeur, que pour ceux qui l’utilisent quotidiennement pour aller au travail. Un tact et un caractère excellents, et une consommation modérée, qui selon l’ordinateur de bord, nous fait passer facilement de 6,5 à 71/100 km.

La partie cycle n’a pas changé, exceptées les jantes, qui ne semblent pas influencer le comportement de la moto. Les disques et les nouveaux étriers Brembo fonctionnent mieux que l’ancienne ST 1050 : il y a de la puissance et de la progressivité. Et c’est une amélioration, parce que le caractère du tri-cylindre ne donne pas autant de retenue que ce que l’on pourrait attendre d’un bicylindre, par exemple. La position de conduite, comme avant, force à s’étendre légèrement vers l’avant. Les repose-pieds sont situés de façon idéale pour les accélérations comme pour la conduite détendue. La selle reste un peu haute pour les conducteurs de petite stature, notamment parce que la partie centrale de la Triple est un peu large et oblige à séparer les jambes. L’agréable selle en gel et tissu antidérapant proposée en option est plus ferme que celle de série. Il est facile d’avoir une Triple unique et personnalisée grâce à la liste d’accessoires énorme proposée, qui inclus différents pots d’échappement en titane réalisé par Arrow, de nombreux compléments en fibre carbone légère et très chère, ainsi que des accessoires esthétiques et aérodynamiques.

Après cet essai, il nous paraît clair que la marque britannique a opté pour un choix qui a déjà triomphé en d’autres occasions : dans cette catégorie il ne faut pas écarter les schémas connus à chaque nouvelle saison, et ce pour deux raisons. D’un côté parce que la marque crée ainsi une foule plus ou moins nombreuse de fidèles qui suivent un concept esthétique. De l’autre, parce qu’ainsi la marque rentabilise l’investissement du premier lancement. La nouvelle Speed Triple n’a donc pas besoin d’être totalement nouvelle pour rester compétitive.

Luis Morales Photos: Gold & Goose Traduit et adapté par Pauline Balluais