Peu à peu les innovations techniques découvertes sur les circuits sont ajoutées aux motos en série, comme les contrôles de puissance, de traction, les accélérateurs électroniques, etc. Yamaha présente sa GT, la FJR 1300, avec un changement de vitesse… électronique. Le futur est arrivé.
Même si ce n’est pas l’un des secteurs les plus commerciaux, toutes les grandes marques comptent leur moto grand tourisme dans leurs catalogues, et soignent particulièrement les finitions et l’équipement de ces routières. Même des marques à caractère nettement sportif comme Kawasaki ont fini par sortir sur le marché leur GT, et seul Suzuki fait exception parmi les principaux fabricants. L’électronique utilisé dans ce changement de vitesse n’avait jamais été montée sur des motos en série, sauf sur certains scooters. Yamaha a ouvert la marche, en dotant sa routière FJR 1300 d’un changement électronique et d’un embrayage automatique, dans le but de rendre la conduite de cette moto encore plus confortable. Cette moto comprenait déjà un équipement complet (ABS, freinage combiné, poignées chauffantes, écran réglable électriquement, etc.) et c’est donc la touche finale pour cette routière à vocation sportive, avec un agréable moteur basé sur des versions antérieures de la R1. En fait, l’aspect de la FJR rappelle celle de la supersportive, avec un frontal stylisé (pour une GT). La principale nouveauté est l’ajout d’un changement manuel et d’un embrayage électronique, grâce auquel on se passe de manette sur la poignée gauche. A la place on trouve des cames pour monter ou baisser les vitesses, même si cela peut se faire aussi avec le pied, à l’ancienne mode
L’ergonomie est bonne, mais une fois assis sur la Yamaha il manque un élément familier: la manette d’embrayage, surtout pour ceux qui ont l’habitude de conduire avec un doigt posé dessus. Pour la démarrer on doit maintenir appuyé le frein avant -comme sur les scooters-, pour éviter de démarrer avec l’habituel coup d’accélération dans le vide. Une fois le moteur en marche, on peut décider si l’on souhaite faire les changements de vitesse avec le système manuel, en l’activant sur le bouton correspondant, ou bien le faire avec le pied avec l’habituel levier de vitesse. Au moment du démarrage on doit garder à l’esprit qu’il s’agit d’une moto de 1300 cc, 130 cv et beaucoup de couple moteur; si on met les gaz sans ménagement, la FJR 1300 livre un démarrage brusque qui peut prendre au dépourvu. Ce n’est pas un scooter de 125 cc… la souplesse est nécessaire, et on peut même essayer parfois de démarrer en seconde. Elle rappelle alors davantage un mégascooter -très grand et puissant- puisque l’embrayage se charge de glisser jusqu’à ce qu’on atteigne la vitesse adéquat. Le démarrage avec tact en première ne nécessite pas non plus beaucoup d’adaptation; plutôt d’une bonne mémoire pour ne pas oublier ce qu’on a entre les mains. La vie à bord est agréable. La position est bien pensée, et on trouve des éléments qui apportent plus de confort, comme la boite à gants du carénage (qui s’ouvrira seulement si le contact est mis) ou le potentiomètre qui grade le chauffage des poignées. L’écran s’élève facilement depuis le commutateur gauche, et dans la position la plus élevée il couvre parfaitement, ce qui est idéal pour les déplacements sur autoroute.
Le moteur manifeste assez tôt son origine R1, avec un son familier, mais avant tout cette envie de monter dans les tours qui rappelle que ce n’est pas le typique moteur bourgeois des autres GT. Il n’y a rien à objecter à sa puissance, linéaire et constante sur toute la gamme. Sans valises il est possible d’arriver à oublier que nous avons entre les mains une moto de tourisme. Le moteur est puissant et le cadre rigide ; ces deux éléments permettent une conduite rapide sur les routes de montagne. Étant donné la bonne élasticité du tétra-cylindre, il sera seulement nécessaire d’utiliser un couple de vitesse pour passer un long tronçon de virages. Sa transmission finale par cardan est toujours présente, même si ses réactions ne sont pas gênantes et ne pénalisent pas à l’excès sa facette sportive. Les limitations viennent des suspensions molles, avec des réglages de motos de tourisme ; de sa large distance entre les axes, qui oblige à anticiper l’entrée dans les virages pour ne pas sortir trop ouverts ; et de son poids, qui avec le réservoir plein avoisine les 300 kg. Même ainsi il est possible de maintenir un rythme plus que vif en conduite sportive et de surprendre face aux motos plus spécialisées. Les freins utilisent l’habituel système de freinage intégral et l’ABS de série, très agréables sur une moto de ce type. De nuit on appréciera son excellent éclairage, grâce à deux phares Multiconvex qui travaillent à l’unisson et qui sont facilement réglables en hauteur par des boutons accessibles. Sur l’aspect fonctionnel, il y a un axe rétractile pour monter la FJR à son arête centrale, ainsi qu’un bouton pour ajuster la suspension arrière. Les deux valises ont une bonne capacité et il est possible d’ajouter un coffre ou un top case en option. La FJR 1300 est une moto qui offre deux visages différents mais complémentaires : celui d’une confortable moto grand tourisme avec laquelle on peut faire de longs voyages à deux, et celui d’une Sport, qui permet une conduite vive sur routes sinueuses, idéale pour s’amuser le week-end. Le système de changement de vitesse électronique, avec l’option de choix de la commande au pied ou à la main selon les préférences, apportent du confort à une moto déjà très confortable, même si on devrait assouplir l’arrivée de couple au démarrage pour lui enlever un peu de sa rudesse. La FJR est la première, mais ce ne sera sans doute pas l’unique. Le futur? Possiblement.
Jordi Aymamí Photos: Santi Díaz Traduit et adapté par Pauline Balluais