Se mettre aux commandes de la Yamaha WR 450 F avec laquelle Johnny Aubert a conquis le E2 est un privilège pour tous les pilotes du monde. C’est une moto très complète sur tous les aspects et incroyablement facile à conduire.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le succès de la formule gagnante de la WR 450 F n’est pas uniquement dû à Johnny Aubert, mais aussi au travail judicieux de Stephan Merriman pour Yamaha. L’australien, dont la petite stature ne reflète pas son énorme talent de pilote, a toujours été considéré comme l’un des meilleurs testeurs au monde, et a développé des motos logiques, faciles à conduire pour tout type de pilote. Il a travaillé chez Yamaha jusqu’à 2006 et ensuite chez Aprilia durant ces deux dernières saisons. Sa trace et son expérience sont restées marquées sur la moto de Johnny Aubert. C’est ce qu’affirme les responsables techniques de l’ancien Yamaha UFO Corse, lors sa dernière apparition au Mondial de l’Enduro, après une décennie de participation et cinq titres à son actif.
L’héritage de Merriman signifie un chemin inverse dans l’évolution d’une moto. La confiance dans les appréciations de l’australien sont telles, que le Yamaha Ufo Corse, au lien de faire évoluer la moto à partir des nouveaux modèles de Yamaha, adapte à la mesure d’Aubert les changements faits par le petite australien sur les nouveaux modèles.
Sur la base de la nouvelle génération de Yamaha WR 450 F standard avec cadre en aluminium, l’Ufo Corse de Vito Consoloni a introduit quelques petites modifications. La première, un volant d’inertie avec plus de poids pour obtenir une moto moins agressive, sans lui ôter un iota de la nervosité d’une 450 ; un CDI de la marque Vortex, et comme tous bons italiens, un échappement Leo Vince, avec une chambre de résonance sur le collecteur.
Un piston Vertex à haute compression et d’un seul segment, l’élimination du démarrage électrique et un développement du changement de 13/50 complètent la préparation du moteur. Le résultat donne un moteur avec une remise de puissance linéaire, ce qui la rend très facile à piloter. C’est un moteur doux, qui permet à Johnny Aubert d’ouvrir les gaz sans ménagements, et d’exploiter ainsi au maximum son style de pilotage agressif.
Le développement du changement dispose d’une première très courte, et d’une seconde et d’une troisième très utilisables. Le répondant, sans dénivellation dans le moteur, permet d’ouvrir les gaz avec le moteur tournant à très peu de tours, grâce à une haute capacité de traction qui se traduit par des accélérations impressionnantes. Avec ce type de développement, la première vitesse est très utile sur les trials, ou dans les passages plus difficiles, dans lesquels on nécessite plus de précision que de vitesse.
La seconde est réservée pour les virages plus serrés et la troisième est la vitesse la plus utilisée par Aubert. L’allumage Vortex permet de choisir entre deux courbes de puissance, l’une avec une pleine puissance, et une autre plus douce pour des conditions de faible adhérence ; nous soulignons que le changement entre l’une et l’autre est vraiment significatif, et il nous paraît très utile.
Les suspensions Kayaba en série ont été remplacées par la préparation de Solva, sur la fourche avant et sur le mono amortisseur arrière. La fourche avec des barres de 49 mm de diamètre est soutenue par le châssis au moyen de tiges mécanisées en aluminium de Solva. Le guidon est un Renthal Twin Wall 997 avec des supports plus hauts, pour éviter des coups dans les genoux dans les fortes inclinaisons.
On a installé des mousses sur la partie inférieure du guidon pour protéger les jambes du français des supports de l’embrayage et du frein. Autres changements significatifs dans la position de conduite de la WR de la Team Ufo : le réservoir de carburant d’origine YZ-F et une selle à deux niveaux abaissée sur la partie avant. Les freins ont aussi reçu d’importantes modifications. La pompe de frein avant a été remplacée par une autre similaire à celles utilisées par Honda, le disque est un Newfren flottant de 260 mm de diamètre, alors que sur le frein arrière le disque a laissé place à un disque couvert, qui augmente la durée des plaquettes en conditions extrêmes.
Ces modifications, ajoutées à un cadre réduit, permettent à la WR officielle d’être beaucoup plus légère et maniable que la moto en série. Les suspensions se caractérisent par un réglage très dur sur le train avant, combiné avec un train arrière mou et sensible sur la première partie du parcours. De cette façon, la moto charge beaucoup de poids sur le train avant, c’est pourquoi la traction est l’un de ses points forts.
Le réglage dur de la fourche fait que la sensibilité augmente de manière très significative dans les zones rapides, et surtout dans les ornières, ou l’origine cross de Aubert fait toute la différence. On perd un peu la caractéristique entrée en courbe de la WR, mais le pilote français préfère marquer la différence sur les parties rapides des spéciales. Les améliorations introduites sur les freins contribuent à un comportement vraiment impeccable.
Le frein avant se démarque par son tact et par son énorme puissance, qui nous permet de freiner avec un seul doigt. Il est incroyable qu’un frein puisse s’améliorer de manière aussi significative, rien qu’en changeant la pompe et le diamètre de disque. Le frein arrière nous semble très correct. Le comportement de la Yamaha de Aubert change par rapport à la moto de série, mais cela suppose une base excellente pour pouvoir développer une moto de courses. Les changements introduits sont significatifs, mais beaucoup d’entre eux sont disponibles sur le marché.
Texte et photos: Nicki Martínez Traduit et adapté par Pauline Balluais