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Gresini : « J’ai décidé d’aller de l’avant »

Le retour en Malaisie a été difficile, même destructeur à certains moments. Fausto Gresini a eu du mal à contenir son émotion à Sepang. Lorsqu’il est arrivé sur le circuit, il est d’abord allé saluer les pilotes dans le box, puis il a demandé un scooter et il s’est rendu sur ce maudit virage ; là où Marco Simoncelli a perdu la vie le 23 octobre dernier. Il est s’est recueilli en silence pendant quelques minutes. Il est ensuite remonté sur son scooter et a fait demi-tour. Car la vie doit suivre son cours.

« Pendant tout le voyage depuis l’Italie, je me suis demandé ce que je ressentirai en revenant sur ce lieu. C’est une grande émotion, car tous les moments tragiques me sont revenus à l’esprit, et inévitablement cela m’a rendu triste. Cela a été difficile, mais j’ai le devoir de reprendre mon travail de chef d’équipe. Il faut le faire, car la vie continue et j’ai décidé d’aller de l’avant, même si cela n’est pas facile. J’ai vécu de bons moments ici avec Marco, comme lors du test de 2011, lorsqu’il a enregistré le meilleur temps : tout semblait fantastique. C’est normal que je ne me sente pas à l’aise à Sepang.

SM : Après ce qui est arrivé à Simoncelli, étiez-vous sur le point de tout abandonner ?

FG : J’y ai pensé, mais beaucoup de personnes m’ont demandé de ne pas le faire, d’aller de l’avant : ils m’ont apporté une motivation importante dans ce moment très difficile. C’est mon métier, mon monde, même si aujourd’hui je me sens trahi par les motos à cause de ce qui s’est passé. Malheureusement, les incidents peuvent arriver, mais ce qui est arrivé à Sic a été très particulièrement douloureux : cela me rend encore plus en colère. Tu penses que ce n’est pas juste… c’était écrit. Après cet énième coup de malchance, je crois un peu plus au destin.

SM : Parlons de 2012 : vous avez Alvaro Bautista sur une Honda RC213V et Michele Pirro sur une CRT. Commençons par Bautista. Quelles sont ses perspectives et ses objectifs ?

FG : Ces dernières années, Alvaro a acquis une bonne expérience chez Suzuki, en ce qui concerne le développement de la moto et le pilotage. En 2011, il a démontré qu’il était un bon pilote, en décrochant de bons résultats avec une moto pas très compétitive. Il a montré qu’il avait du talent. Je ne m’attends pas à gagner des courses ni à obtenir le titre, mais j’espère faire un bon championnat, et que nous pourrons nous battre pour faire partie des six ou sept premiers et remporter ainsi une certaine satisfaction. J’aime beaucoup sa façon de voir les choses : c’est un pilote qui affronte les situations avec calme, sans exagérer, et c’est une vraie qualité. Il peut ainsi grandir plus rapidement, car il ne faut pas se précipiter avec cette moto.

SM : A Sepang, les CRT étaient très loin des MotoGP, mais à Jerez l’Aprilia ART de De Puniet a décroché un bon résultat. Qu’attendez-vous de votre CRT ? Selon vous, quel sera le niveau réel de ces motos ?

FG : Je crois que l’on n’atteindra pas le même niveau qu’à Jerez ; cela dépendra beaucoup du tracé de chaque circuit. Sepang est une piste extrême, qui pénalise beaucoup les CRT. L’ART est la CRT la plus au point et la plus compétitive, et De Puniet est un pilote expert. Il faut ajouter que Jerez est un circuit qui correspond bien à ce type de motos. Le calendrier compte plus de circuits du style des CRT que celui de Sepang. Je suis convaincu qu’elles seront plus compétitives que ce que l’on a vu en Malaisie. Je pense qu’elles s’amélioreront petit à petit durant la saison.

SM : Il y a un désaccord entre Dorna et les constructeurs sur le futur de MotoGP. Qu’en pensez-vous ?

FG : J’aurais préféré avoir deux MotoGP cette année, mais cela n’a pas été possible car le coût était trop élevé, et pour avoir deux pilotes j’ai du opter pour une CRT. Il fallait un changement radical, car nous étions arrivés à un point de non retour, avec peu de motos en piste. Nous aurions pu en avoir encore moins cette année si nous n’avions rien fait. Il fallait prendre des mesures radicales pour commencer à changer le système : Dorna a fait le bon choix, cela permettra d’avoir une grille plus pleine, même si le niveau de certains pilotes sera moins haut. Il aurait fallu penser à cela avant, car dans une telle situation il existe peu de solutions pour résoudre le problème.

SM : Le futur passe par la MotoGP ou par la catégorie CRT ?

FG : C’est une partie qui se joue entre les constructeurs et Dorna. Il est important d’avoir en piste 20/22 motos, de pouvoir assurer le spectacle et compter sur des pilotes compétitifs ; cela doit être l’objectif.

SM : Concernant le championnat, Stoner est très fort.

FG : Oui, je pense aussi que Stoner est au dessus des autres pilotes. Si ses concurrents ne parviennent pas à le freiner un peu au début, ils ne pourront pas faire beaucoup plus. Il est toujours aussi rapide dans les entraînements, même s’il réagit différemment lors des courses : les autres pilotes devront être agressifs et devront lui mettre un peu la pression ; sinon il sera presque imbattable.