You are currently viewing La peur est humaine

La peur est humaine

pour les pilotes australiens était déjà grandement satisfaite.

Stoner a annoncé qu’il se retirait à la fin de la saison… prouvant ainsi que ses deux titres mondiaux ne l’ont pas changé et qu’il continue à faire les choses à sa manière. Alors qu’il était sur le haut de la vague et qu’il avait le MotoGP à ses pieds, il a annoncé sa retraite. Il a affirmé qu’il s’ennuyait, qu’il ne supportait plus l’ambiance hypocrite et intéressée du Mondial, et qu’il rentrait chez lui à la fin de la saison pour voir sa fille grandir.

Il fallait beaucoup de personnalité pour prendre une telle décision. L’australien n’en manque pas et l’a prouvé lorsqu’il s’est planté il y a quelques années dans le jardin d’Alberto Puig avec sa caravane et qu’il a décidé de ne pas bouger jusqu’à atteindre son rêve. C’est un homme aux idées fixes.

La décision de Stoner est surprenante, car inhabituelle (dans ce monde il est plus commun de stopper la moto à cause des lésions ou par manque de budget), et elle a suscité autant de critiques que d’éloges. Il y a ceux qui mettent en avant l’honnêteté dont il a fait preuve en reconnaissant son manque de motivation et ceux qui, au contraire, pensent que le moment et les manières étaient mal choisis, et qu’il renie le championnat qui l’a rendu célèbre.

Je ne sais pas bien où me situer, je l’admets. Il m’a semblé honnête. La grille est pleine de pilotes qui continuent par pure inertie… ou par pure nécessité. Ce n’est pas le cas de Casey. Mais je crois aussi qu’il aurait été plus élégant d’attendre la fin de la saison et, surtout, de s’en aller s’en donner l’idée que le mondial de MotoGP est une sorte d’Hollywood/Babylone. (Il ne l’est pas plus que les autres sports de haut niveau ou les industries qui brassent de l’argent, l’image, et le glamour).

C’était déjà le cas lors des débuts de Stoner… et à l’époque il ne le critiquait pas. L’excuse de l’ignorance ne fonctionne pas. Les valeurs de Casey ont peut être changées, et c’est tout à fait respectable. Partir en reniant ceux qui lui ont apporté succès et fortune l’est beaucoup moins.

Dans la déclaration de Stoner, il y a eu un mot que j’aurais aimé entendre. Un mot qui, sorti de la bouche de Respol/Honda, aurait rendu selon moi ses paroles encore plus honnêtes : la peur. Je pense effectivement que Casey en avait assez de l’hypocrisie, de la banalité et des intérêts qui habitaient le paddock du Mondial. Et qu’après avoir gagné un titre mondial de MotoGP avec Ducati et un autre avec Honda, il considérait avoir fait tout ce qu’il avait à faire dans ce sport.

Mais je pense également que Casey a eu peur. Je n’en ai pas le moindre doute, même s’il n’a pas voulu l’admettre. Beaucoup de choses changent lorsque l’on devient père. Un habitué du paddock m’a confié il y a quelques jours que les deux pilotes qui avaient été les plus affectés par la mort du malheureux Simoncelli étaient Colin Edwards et Casey Stoner. Je suppose que la naissance de sa petite Alessandra lui a fait prendre conscience de ses priorités et qu’il a décidé qu’il voulait la voir grandir. C’est humain. Et compréhensible. L’histoire de ce sport est remplie d’exemples : Kevin Schwantz, Mick Doohan… et même Sito Pons s’est retiré avec la peur au ventre, après que leurs corps maltraités aient crié stop. Je ne pense pas pour autant qu’ils sont des lâches. Il arrive simplement un moment dans la vie d’un pilote où il faut décider de profiter de ce que l’on a… et pas seulement au sens matériel.

La peur est humaine, et c’est qui a poussé Casey Stoner à se retirer. Ce n’est pas l’hypocrisie.

Et je le comprends.