MV Agusta veut vendre plus. Avec cette Brutale la marque montre que de grandes améliorations sont possibles, tout en baissant le prix. C’est la fin de l’utopie, votre future MV est déjà plus accessible.
Je reconnais que la Brutale a toujours été une moto qui m’a empêchée de trouver le sommeil: des versions comme la 910 ou la 1078 RR, que j’ai essayé, m’ont vraiment marqué. Les Brutales m’ont toujours attiré par leur esthétique atypique, leurs finitions remarquables, et la légendaire histoire de la marque. Mais l’agressivité excessive de leur moteur, leur partie cycle exigeante, et leur prix élevé m’ont vite dissuader d’en acheter une. Et c’est alors que la Brutale 1090RR entre en scène, comme si le destin nous avait à nouveau réuni. Selon les représentants de la marque, la moto est beaucoup plus humaine dans tous les sens du termes. Elle a un objectif clair: rendre cette moto accessible à tout type de public. Ces déclarations me conviennent tout à fait, mais nous allons maintenant vérifier si la marque a atteint ses objectifs.
A première vue, les changements esthétiques ne sont pas flagrants, mais si vous êtes pointilleux, vous vous rendrez vite compte des importantes modifications de la nouvelle Brutale. Pour commencer, l’ergonomie a été profondément améliorée, avec une selle beaucoup plus grande et un guidon plus large. Alléluia, diront certains, puisque sur les versions précédentes, les conducteurs de plus de 1,70m ne sentaient pas à l’aise. Grâce à un espace plus généreux, descendre de moto, compenser les poids en bougeant le corps ou simplement se mettre à l’aise, est désormais plus facile. Le nouveau cadre explique l’amélioration des réactions de la moto. Le treillis est renouvelé avec des tubes plus étroits, ce qui lui fait perdre un peu de sa rigidité générale, un changement nécessaire qui amène un tact beaucoup moins sec comparé au châssis antérieur. Évidemment, la fabrication reste artisanale, avec des tubes soudés à la main l’un après l’autre, comme nous l’indique un autocollant placé sur le châssis. Sur les platines en aluminium inférieures, celles qui retiennent l’axe du bras oscillant, les pédales et le sous cadre, on retrouve une nouveauté importante: il est maintenant possible de régler la position de l’amortisseur grâce à un nouvel ancrage, une possibilité intéressante. Le bras oscillant a aussi été changé pour améliorer le comportement de la moto, il est maintenant 20 mm plus large, ce qui optimise la stabilité à grande vitesse. Les Brutales antérieures avaient des réactions exagérément dures et sèches, une simple imperfection sur l’asphalte entraînait une instabilité. La 1090 RR, au contraire, est beaucoup plus agréable et efficace sur tout type de route; l’asphalte en mauvais état ne vous gênera plus. Les suspensions restent très robustes, la fourche Marzzochi de 50 mm est soutenue par la mythique triple tige. Sur les versions antérieures, le train avant était très rigide. Grâce à un nouveau réglage des suspensions beaucoup plus souple, la moto montre un visage plus humain. Il en est de même pour l’amortisseur, plus souple lui aussi. Mais le principale avantage est que ces changements ont amélioré le comportement de la moto même en conduite sportive.
Cependant, la véritable amélioration est sans aucun doute la révision du moteur tétra-cylindrique de 1078 cc. MV Agusta a toujours été fidèle à cette configuration – au moins jusqu’à l’arrivée éventuelle du tri-cylindre de 675 cc- ce qui le diffère des autres fabricants italiens. Avant de l’essayer, nous avons eu des bonnes impressions durant le test de puissance, où les presque 145 CV ont amené une courbe de puissance très linéaire, qui confirme le bon travail qui a été fait avec l’électronique. La réponse du type tout ou rien qui caractérise les moteurs antérieurs a été largement améliorée. Les corps sont des Mikuni de 46 mm et la marque continue à faire confiance à Magneti Marelli pour la centrale. Le grand répondant de la courbe de couple nous fait passer les virages à n’importe quelle vitesse. Le fait que son injection est enfin dosable face aux petites variations d’ouverture, facilite le maintien à une vitesse constante, et le respect des limitations de vitesse, ce qui était plus difficile avant. Il est certain que cette moto a du caractère: le moteur a toujours un comportement explosif, l’aiguille du compteur monte très rapidement. Les bas et moyens régimes sont efficaces, et facilitent une utilisation quotidienne, même à un rythme très bas. Le changement de vitesse conserve un tact un peu dur, le parcours du levier de vitesse est court et les vitesses s’engagent de façon un peu brusque. Le moteur, qui fait preuve de surpuissance à tous les régimes, préfère circuler en marches longues, mais si nous voulons ressentir son potentiel, nous trouverons un changement très fermé qui permet des accélérations fulgurantes. La retenue à l’arrêt est élevée, et le train arrière ne se déplace pas grâce au large bras oscillant et à l’embrayage. Il a été équipé d’un embrayage anti-rebond très efficace, ce qui est plaisant pour un moteur avec autant de caractère. En résumé, il reste brutal, mais en même temps efficace.
MV Agusta a toujours été une marque élitiste, et ses finitions de haute qualité ont situé ses modèles parmi les plus exclusifs du marché. Des détails comme les jantes forgées, les étriers de frein Brembo ou les pompes Nissin dessinées par Tamburini marquent la différence. Mais ce n’est pas tout, on a ajouté aussi la dernière technologie en matière de contrôle de traction. La 1090 RR est équipée d’un système de contrôle réglable à 8 niveaux d’intrusion, qui s’avère très utile face aux surprises que l’on peut rencontrer sur la route. Sur circuit aussi, évidemment, mais il ne faut pas oublier que c’est une naked, et que déraper avec une moto de ce type n’est pas habituel… Cette grande liste de composants de qualité, les sensations de contrôle, la grande esthétique, et l’exclusivité ont un prix. Les 20 000 euros de cette Brutale peuvent paraître excessifs en ce temps de crise, mais si nous les comparons aux 21 500 euros de l’ancien modèle RR, cela change la donne. La version 990R est également disponible, avec quelques pièces moins sophistiquées et sans contrôle de traction, au prix de 16500 euros. Les objectifs fixés par la marque ont été largement atteints: plus pratique pour les utilisateurs, une meilleure gestions du moteur, une révision totale et une substantielle baisse du prix. Vous n’aviez jamais pu approcher une Brutale d’aussi près. C’est la fin de l’utopie!
Edu Fernandez Photos: Joan Carles Vázquez Traduit et adapté par Pauline Balluais