Il existe un paradoxe sur le segment des super sportives : moins elles sont visibles sur le marché et plus les marques proposent des modèles très sophistiqués et radicales. La ZX-10R, par exemple, est une moto née pour la piste et adaptée à la route, avec laquelle la marque de Kobe souhaite actualiser le concept Superbike de rue. Sans demi-teinte. Sans compromis inutiles.
Avant de décrire la ZX-10R, il convient de préciser qu’il s’agit d’une Superbike au concept entièrement nouveau, conçue pour être rapide sur circuit et pour circuler éventuellement sur route. Son moteur a également été créé dans ce but. Les précédents moteurs cherchaient l’élasticité, celui-ci cherche les performances maximales à haut régime, écartant une utilisation sur route. Ses performances sont exubérantes : 200 CV (209 avec l’Airbox) à 13 000 tours et un couple maximal de 112 Nm à 11 500 rpm. Le secret réside dans l’utilisation d’un équipement électronique très sophistiqué : l’une des centrales les plus avancées au monde, le contrôle de traction S-KTRC, un ABS développé en collaboration avec Bosh et destiné à une moto de hautes performances, un mapping sélectionnable par le pilote… La ZX-10R est un véritable catalogue d’électronique avancée au service de la performance.
Pour la partie cycle, nous trouvons un Showa Big Piston Fork de 43 mm sur le train arrière, un châssis double berceau en aluminium fondu avec le bras oscillant et un mono amortisseur black link horizontal. Les amortisseurs, arrière comme avant, sont entièrement réglables. Avec les jantes en alliage à trois barres, ils forment un ensemble de 198 kg en marche, pour la version sans ABS. Le ratio poids/puissance est brutal.
Il suffit de s’assoir sur la selle étroite de la Kawasaki pour se rentre compte immédiatement, sans la démarrer, qu’il s’agit d’une moto super sportive sans concessions. La selle est basse, la hauteur au sol n’est pas très élevée et la moto est parfaitement adaptée à des utilisateurs de toutes tailles. Mais c’est dans le triangle extrême formé par les pédales, le guidon et la selle que nous notons son caractère RR. Une ergonomie radicalement sportive, sans concessions, avec le poids chargé sur les poignets et les avant-bras et un guidon plutôt ouvert pour ce type de moto, mais très incliné dans le style d’une routière. Cela donne une sensation d’agressivité et de légèreté. A rythmes bas et moyens, malgré une grande maniabilité, la ZX-10R doit se conduire fermement et avec décision, ce qui s’avère assez fatigant. Elle se laisse conduire mais se montre très exigeante et rigoureuse. Le rapport de vitesses du moteur m’a semblé trop long, les suspensions trop dures, et la position de conduite peu confortable sur route. Ce n’est pas un défaut, c’est une caractéristique. Quant au moteur, il tourne sans vide et il accélère extraordinairement à tout régime, mais c’est à 9000 tours qu’il donne le meilleur de lui-même. Au dessus de ce régime, indiqué par un changement de couleur sur le compte-tours, la poussée devient brutale et la progression impressionnante.
Il suffit de quelques tours sur le circuit pour comprendre que Kawasaki ne ment pas en affirmant que c’est une moto conçue pour la compétition. Toute autre utilisation est restreinte. Ce serait comme utiliser un pur sang pour tirer une charrette. La ZX-10R tente de s’adapter et de se comporter comme une moto idéale. Cependant, elle nécessitera toujours un bon niveau de conduite et une grande expérience.
En résumé, c’est une moto conçue pour la piste et sans aucun compromis. Rapide et précise, elle est également exigeante et nécessite un certain niveau d’expérience pour pouvoir en profiter comme il se doit. Le long rapport de changement de vitesses surprend un peu, mais c’est malgré tout un rapport très sportif. La ZX-10 n’est pas une moto pour la route ; tout en elle appelle le circuit. Son moteur extraordinairement puissant, son équipement électronique de dernière génération, sa partie cycle affilée et sans compromis, en font l’une des meilleures super sportives actuelles…