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Moto Guzzi Nevada Classic 750 i.e: Bien mieux 2005

La cruiser italienne se démarque de ses concurrentes et offre une agilité et un contrôle peu habituels dans la catégorie. Avec 90% de nouveaux composants, les changements lui vont à merveille.

A première vue, le dossier de présentation de la Guzzi Nevada Classic 750 ie s’avère étrangement irréelle. Il présente de nombreuses photos, la majorité d’entre elles avec un conducteur masculin et un passager féminin (très belle, brune, à l’italienne). Sur presque toutes les photos en action, les deux modèles exhibent un sourire incroyable sous leur casque. Comment est-il possible qu’ils s’amusent autant? Guzzi a fabriqué des customs bicylindriques en V avec son style si particulier depuis le début des années 80, mais peu de personnes en dehors d’Italie les ont achetées, et moins encore ces derniers temps. Et cependant, ces deux personnages passent sûrement un bon moment sur ce qui, à première vue, semble être une version légèrement actualisée de la Nevada 750 de l’année dernière. Je dois admettre qu’il m’a suffi de deux heures passées sur la moto pour que ces expressions de jubilation s’avèrent plus crédibles. Cet humble cruiser de moyenne cylindrée n’est sans doute pas la plus excitante des motos italiennes de ces dernières années, mais elle offre beaucoup plus de divertissement que ce que l’on pouvait espérer. Finalement, je n’ai pas pu éviter un immense sourire de satisfaction, à l’image de ce couple heureux.

Les commandes sont très accessibles, même la douce poignée de gaz, qui lorsque l’on accélère à l’arrêt provoque le typique balancement vers la droite des bicylindres en V transversales de Guzzi. Il est facile de comprendre pourquoi une grande partie des conducteurs de la nouvelle Nevada seront des femmes. Le faible poids de la Nevada -environ 50 kg de moins que ses rivales comme la Harley-Davidson Sportster 883, la Honda Shadow 750 ou la Kawasaki VN 800- lui permet d’offrir des performances très vives malgré ses modestes 48 CV de puissance. Son moteur combine le caractère typique d’un V-Twin avec une douceur inédite jusqu’à maintenant. Le répondant de l’injection est excellent et, avec la remise maximale de puissance à seulement 3600 tr/min la moto se montre toujours prête à ouvrir les gaz, même si l’aiguille du compte-tours est presque dans la zone rouge.

La Nevada dispose de la puissance suffisante pour offrir des vitesses de croisière de 110 km/h ou plus. Le jour de l’essai, j’ai réussi à atteindre un maximum de 170 km/h sur une pittoresque route qui descendait près du lac Lecco. A certains moments, j’aurais apprécié un peu plus de nerf, mais ce qui est sûr c’est que ce moteur correspond bien à ce qu’on attend d’une cruiser: il est assez puissant et flexible pour conduire sur de longues périodes de temps. Avec un paysage comme celui-là aux portes de l’usine, il n’est pas étonnant que Guzzi ait opté pour la conception d’une cruiser, une moto dessinée pour prendre la route calmement et profiter de la vue. Mandello del Lario est situé près des montagnes, avec une multitude de routes étroites, plus sinueuses qu’un plat de spaghettis ; très stimulant pour créer aussi des motos très maniables. Les deux premiers virages suivants notre sortie de l’usine de Guzzi nous ont démontré que la Nevada répond à tous ces critères.

Malgré tout, il y a de nombreuses différences entre la partie cycle de cette moto et celle de la Breva. La plus notable est l’utilisation de jantes à rayons de 18 pouces sur l’étroit pneumatique avant et de 16 » sur l’épaisse gomme arrière, au lieu des jantes à barres en aluminium de 17 » qui équipent la Breva. De plus, la fourche Marzocchi de 40 mm offre un parcours plus long, alors que celui des amortisseurs arrières est légèrement inférieur. La cruiser a aussi une plus grande distance entre les axes et un parcours de fourche supérieur pour améliorer sa stabilité. La position de celle-ci, à 28°, améliore la maniabilité de l’ensemble. Il est aussi important de remarquer l’emplacement raisonnablement élevé et pas très avancé des repose-pieds, qui avec les échappements hauts, contribuent à laisser une distance libre au sol considérable. La Guzzi est beaucoup plus amusante qu’une cruiser conventionnelle, et permet d’enchaîner avec enthousiasme une série de virages.

Elle transmet de la légèreté et une sensation de contrôle, au contraire de ses rivales qui ont tendance à frôler l’asphalte avec leurs pédales. Ses efficaces pneumatiques Metzeler contribuent beaucoup à cette agilité. Il faut reconnaître que sur la Nevada la fourche avancée et le double amortisseur arrière Bitubo -réglable en précharge- sont assez basiques. Mais ils permettent de contrôler la moto dans les virages et apportent une conduite assez confortable. Le système de freinage est efficace, il comprend un disque flottant Brembo à chaque extrémité et s’adapte parfaitement aux nécessités de la moto. Sur la partie frontale, la combinaison du disque de 320 mm avec un étrier à quatre pistons s’avère particulièrement puissante. Cette Nevada est réellement surprenante… Elle est légère, basse, élastique, douce, facile à conduire et elle larguerait un grande nombre de ses rivales sur une route sinueuse.

Le réservoir a une capacité de 14 litres seulement, mais c’est suffisant pour les faibles consommations de son moteur. Nommer cette moto une cruiser est presque lui faire du tort, car la Nevada est beaucoup plus multi-fonction que ce que nous avons l’habitude de voir dans la catégorie. Produite par l’usine moderne de Guzzi, cette moto semble bien conçue et bien construite. Elle présente des détails très utiles comme le tableau de bord complet ou la petite poignée pour le passager. Techniquement, on remarque des éléments comme l’injection de carburant, le disque de frein arrière ou la transmission par cardan, que peu de ses rivales peuvent égaler. Son prix est également très compétitif et elle peut être complétée par de nombreux extras, incluant une grille porte-bagage, des mallettes rigides ou une béquille centrale. Le couple heureux perché sur la Nevada dans le dossier de presse a toutes les raisons de sourire.

Traduit et adapté de SOLOMOTO par Pauline Balluais